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L’AOP Brocciu défend une modification du cahier des charges nécessaire

Publié le 10/07/2025

Depuis quelques jours, le projet de modification du cahier des charges de l’AOP Brocciu fait polémique. Face aux inquiétudes exprimées par plusieurs syndicats agricoles, le syndicat de l’AOP met pour sa part en avant une série d’évolutions jugées nécessaires pour tenir compte des défis actuels et garantir le maintien de l’appellation.

 


AOP Brocciu Corse
AOP Brocciu Corse
 
Depuis la semaine dernière, la polémique autour d’un projet de modification du cahier des charges de l’AOP Brocciu ne cesse d’enfler. Tour à tour, Mossa Paisana, Via Campagnola et Casgiu Casanu ont en effet marqué leurs inquiétudes quant à cette procédure menée par le syndicat de l’AOP. Dans un communiqué publié en début de semaine, cette structure reconnue comme organisme de défense et de gestion auprès de l’INAO ce dernier est venu affirmer que cette révision du cahier des charges est aujourd’hui cruciale pour l’avenir de la filière.
 
« Aujourd’hui nous sommes en manquement, c’est-à-dire qu’il y a différents points qui ne correspondent plus à l’ancien cahier des charges. C’est pour cela qu’il est nécessaire de faire évoluer ce cahier des charges pour éviter de perdre l’AOP », explique ainsi Aurélia Sabiani, la présidente du syndicat de l’AOP Brocciu en pointant de premiers manquements sur l’alimentation avec des évolutions nécessaires à intégrer au cahier des charges « pour répondre aux sécheresses répétitives » et « renforcer l’autonomie alimentaire des élevages ». « Dans le projet, nous prévoyons un gros volet sur l'alimentation et la reconnaissance des surfaces pastorales qui n'étaient pas pris en compte jusqu’à maintenant. C'est l'élément essentiel. Nous introduisons aussi la possibilité d'utiliser de l'enrubannage hors période de lactation pour les animaux non productifs, alors que du fait du changement climatique il devient de plus en plus difficile de nourrir les animaux », explique-t-elle.
 
Sur le report du délai de transformation du lait de 40 à 72h, point qui avait particulièrement alerté les syndicats agricoles et l’association de producteurs fermiers, elle explique que deux demandes de modifications ont été faites, « d’une part par les laitiers d'autre part par les fermiers ». « Les laitiers ont fait valoir qu’il y a de moins en moins de bergers et que les tournées pour collecter le lait sont de plus en plus longues et avec moins de lait à ramasser. Comme cette situation induit des pertes financières pour eux, ils préfèrent collecter le lait un jour sur deux. Cela fait donc des collectes de lait à 48 heures, or lorsque le lait arrive en laiterie on est tenu de faire des analyses pour lesquelles on a un retour sous 24 heures. On arrive donc à 72 heures, c’est pour cela que l’on veut faire écrire ce délai dans le cahier des charges », détaille la présidente du syndicat de l’AOP Brocciu. « Ce qui peut se passer si on n’accepte pas ce report de lait c'est que les bergers qui sont le plus éloignés des laiteries risquent d’être écartés des tournées de collecte ou les laitiers ne feront plus de brocciu avec ce lait et dans ce cas-là peut-être qu'il y aura une dévaluation du prix du lait », pose-t-elle en indiquant :« Pour notre part, nous nous sommes attachés à réfléchir à la légimité de cette demande, et à ses éventuelles conséquences : est-ce que cette façon de procéder va altérer le brocciu dévaloriser le produit ou avoir un impact gustativement ? Pour le savoir, nous menons des analyses, et des dégustations à l’aveugle sur des produits tests ». Un processus qui doit continuer jusqu'au 31 décembre prochain avant qu’une décision ne soit véritablement arrêtée sur ce report de la transformation du lait. Mais selon Aurélia Sabiani, « les premières conclusions semblent déjà favorables ». 
 
« Par ailleurs, ce projet de modification du cahier des charges porte une deuxième proposition d’évolution demandée par les fermiers, qui est de faire un report du lait à 48 heures, ce qui permettrait de pouvoir cailler un jour sur deux. Cela faciliterait un petit peu le travail du fermier qui parfois est seul sur son exploitation », ajoute la présidente du syndicat de l’AOP Brocciu en notant encore : « Il y avait aussi une demande du report du lactosérum, c'est à dire d’u seru qui sert à faire le brocciu, mais on s'est rendu compte que ce produit issu du lait est beaucoup plus fragile et du coup altéré assez rapidement. Cette demande risque de ne pas être adoptée parce que c'est trop délicat et avec des mauvais résultats ». 
 
Le reste des propositions devra encore faire l’objet d’un recueil des remontées du terrain avant d’être tranchées. « Pour l'instant on analyse, on recueille des données et à la fin de la démarche on verra ce qui est pertinent de maintenir ou pas », souligne Aurélia Sabiani en insistant sur le fait que cette démarche collective que le syndicat de l’AOP entend mener avec tous les acteurs de la filière, vise à adapter le cahier des charges à l'époque d'aujourd'hui, en permettant en même temps de garantir la préservation du savoir-faire du brocciu et du produit final. Un équilibre délicat à trouver. Pour relever ce défi, le syndicat de l’AOP Brocciu organise une série de réunions jusqu'à fin juillet dans les différentes micro-régions. Mais il rappelle dans le même temps que « ces ajustements ont été discutés et validés démocratiquement par le conseil d’administration et l’assemblée générale représentant les trois collèges (producteurs fermiers, producteurs livreurs et transformateurs laitiers) en 2022 ». « Ils s’appuient sur les changements climatiques et sur de nombreux travaux », appuie-t-il encore en avertissant : « Depuis 2014, notre ancien organisme certificateur a alerté sur le risque de non-conformité récurrent notamment sur l’alimentation. Grâce à nos travaux, une tolérance a été maintenue pendant près de 10 ans, mais l’INAO nous rappelle aujourd’hui l’urgence : nous ne pouvons plus retarder l’adaptation du cahier des charges au-delà de 2026, faute de quoi nous perdrons notre AOP ». 
 

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